Machine hors service

Pendant cent mois, du 1er janvier 1996 au 30 avril 2004, La Sculpture : les Pluies a mis en relation un réseau de collecteurs d’eau. Plus tard la collecte de données pluviométriques et leurs représentations par voie numérique a pris le relais, constituant mois après mois « le calendrier des pluies » présenté par l’intermédiaire de l’ordinateur hors service lors de l’exposition « Les Grandes Eaux » de la galerie Art’Course en septembre 2019.

Cette machine me remit en mémoire le Culte du cargo pratiqué par les indigènes de la Mélanésie du XVIIe siècle à nos jours, et la légende du moine Francis de l’Utah (dans Un cantique pour Leibowitz de Walter M. Miller) qui, trouvant le plan d’un circuit imprimé dans les ruines d’un abri anti-atomique, s’empresse de retour à son abbaye de le recopier et de l’enluminer jusqu’à en occulter le sens.

Ces deux pratiques « artistiques » qui tentent de renouer le lien brisé avec les sciences perdues et les connaissances oubliées m’amènent à entreprendre la série des sculptures "hors service" faites d’assemblage d’objets hors d’usage, téléphones fixes et portables, cafetières, sèche-cheveux, ouvre-boites, etc.
Machines obsolètes, démodées, délaissées, abandonnées dans les décharges aux abords des villes, sur les trottoirs au pied des containers à ordures, où je les récupère pour les nettoyer, les trier, séparant le métal du plastique, les objets ronds des plats, le transparent de l’opaque, pour assembler les pièces détachées en respectant ce que j’imagine de leur usage, ce que j’interprète des plans de montage pour rétablir les connexions, retrouver la trace des messages flottant dans la mémoire des circuits imprimés.