Paysage, le nom des lieux

La peinture, le leurre, le paysage, le nom des lieux

Longtemps les assemblages de bois récupérés dans les rues ou les chantiers de construction ont été le centre de mon travail. Afin d’occulter ce qui pouvait distraire l’attention, gêner la lecture de la forme, les sculptures étaient recouvertes d’une couche de peinture blanche.

En 2009 j’entreprends les séries de sculptures « Mémorabilia » et « Conteneurs » fabriquées à l’aide de carton d’emballage que je récupère ici et là. A la même époque je découvre le travail d’André Mare et l’équipe des artistes camoufleurs mobilisés pendant la Grande Guerre. Leur talent est utilisé à fabriquer et installer en première ligne de faux arbres, fausses meules de foin, faux rochers afin de leurrer l’adversaire. Ils recouvrent les pièces d’artillerie de toiles peintes à la manière cubiste en utilisant les tons de matériaux naturels, herbages, feuillages, sable, terre. Palette que j’utilise à mon tour pour peindre mes sculptures en carton.
La préparation de ces mélanges de couleurs sur des fragments de contreplaqué et de papier (restes et chutes de mes travaux antérieurs) qui servent de palettes puis d’outils, pour recouvrir et étaler la peinture sur les formes en carton et dans le même temps sur les plateaux de bois sur lesquels je travaille, dans un mouvement de va-et-vient d’un support à l’autre, du volume à l’aplat, fait surgir couche après couche sans volonté de représentation ou de composition, la surface d’un tableau possible où se joue un équilibre entre la matière et la représentation, la spontanéité d’un geste (ou d’une application) et l’apparition d’une figure. (Jacques Py).

Le lieu d’apparition de la peinture : les toiles sur châssis « Paysage », « Marine », « Figure », « Raisin », « Grand aigle » pour le papier détermine ce qui pourrait être considéré comme le sujet, bien qu’a priori l’idée de représentation soit écartée, l’apparition d’une image n’étant que le résultat d’une procédure de travail précise et méthodique d’application de la peinture de manière répétitive voire mécanique. « Paysage », « Marine », « Raisin », « Grand aigle » leur format allongé, étroit, induit l’horizontalité, le lointain. Le format « Figure » plus large, vertical s’installe au plus près du regard dans notre proximité. Sa largeur importante le rapproche du carré. Ce point de vue adopté, le choix de ce qui se joue est limité et conditionne le genre de peinture qui advient.